Une première étude comparative sur la viticulture conventionnelle, biologique et biodynamique en cours
Traduction d’un entretien paru dans une revue allemande avec Georg Meissner, chercheur à l’Institut de recherche de Geisenheim en Allemagne, qui mène depuis quelques années une étude comparative entre les trois modes d’agriculture : conventionnelle, biologique et biodynamique et dont les résultats doivent être publiés courant 2013.
Pourquoi la biodynamie intéresse-t-elle tant les viticulteurs ?
Georg Meissner : Ces dernières années, la viticulture biodynamique s’est développée dans le monde entier. Cet essor a débuté par la conversion de quelques domaines parmi les plus réputés en France dans le milieu des années 80 et au début des années 90. La motivation était alors principalement de produire un vin de très grande qualité. Des expériences ont montré que les pratiques biodynamiques ont des effets très bénéfiques sur la qualité en viticulture. Il est cependant difficile d’estimer le nombre de domaines en biodynamie ou en conversion vers la biodynamie. Le phénomène se développe dans le monde entier. Des domaines viticoles réputés travaillent en biodynamie aux Etats-Unis, en Amérique du sud (à une échelle différente avec des domaines composé de jusqu’à 1000 ha de vignes), en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du sud et bien sûr dans les pays européens. Il est intéressant de remarquer que la conversion réussie d’un domaine viticole réputé est toujours un moteur de conversion pour de nombreux autres domaines. D’autres domaines réputés suivent en effet rapidement. Bien souvent, ces domaines entament une conversion sans vraiment connaître les fondements de l’agriculture bio-dynamique et encore moins ceux de l’anthroposophie. Cependant, le travail avec les préparats et l’approche plus globale de l’agriculture entrainent pour beaucoup une réorientation. Après un certain temps, l’intérêt pour les fondements apparaît. J’ai souvent remarqué une sorte de satisfaction intérieure soudaine chez les viticulteurs. De plus, beaucoup travaillent à rompre la monoculture de la vigne et à s’orienter vers l’organisme agricole ou l’individualité agricole. Or, la notion d’individualité semble évidente pour de nombreux viticulteurs, car les vins mis en bouteille proviennent de vignobles bien déterminés. La notion de différences de terroir (lieu et site particuliers), qui différencie un domaine d’un autre, n’est pas nouvelle pour les viticulteurs. L’homme, le viticulteur, devenant ensuite transformateur à la cave, joue également un rôle important et un rôle de médiateur, reconnu par le consommateur.
Quel principe de l’agriculture bio-dynamique s’avère particulièrement efficace ?
Georg Meissner : La vigne, en tant que plante, réagit très vite à un bon travail avec les préparations. En viticulture, l’Etre de la vigne ne peut pas réellement s’exprimer. Nous la greffons sur un support étranger et nous la reproduisons uniquement par bouturage, et cela depuis des siècles. Cela est déjà responsable de déséquilibre. Je pense que les préparats ont ici un effet très positif. Steiner avait déjà fait remarquer, dans son cours aux agriculteurs, que le problème du phylloxéra aurait pu être résolu différemment grâce aux méthodes de l’agriculture biodynamique.
Que pouvez-vous aujourd’hui affirmer – vous ou d’autres chercheurs – concernant les effets sur la vigne et le vin ?
Georg Meissner : Il existe de nombreux rapports et observations basés sur la pratique. Nous avons déjà pu confirmer certains faits dans nos essais au cours des premières années. A Geisenheim, nous sommes cette année dans notre 3ème année d’expérimentation {il y a environ quatre ans}. Cette expérimentation consiste en une étude comparative de la viticulture conventionnelle, biologique et biodynamique sur un vignoble expérimental. De plus, nous réalisons des variantes culturales avec des dates de pulvérisations de silice différentes. Nous avons déjà des résultats très intéressants dans les premières années de conversion. Mais j’estime qu’il est encore trop tôt pour généraliser ces résultats. Cela confirme néanmoins les tendances dont j’ai toujours entendu parler dans la pratique. Les grappes de raisin sont moins compactes dans les 2 versions de culture biologique, la version bio-dynamique a même permis d’obtenir les grappes les moins serrées en 2007. La croissance est également plus harmonieuse, avec moins de gourmands, ce qui joue bien sûr sur la santé de la vigne. Nous avons également réalisé cette année quelques séries de feuilles d’après la méthode de Bockemühl. Elles sont vraiment très intéressantes. Nous avons également des résultats intéressants avec la méthode des cristallisations sensibles : le Dr. Jürgen Fritz, de l’université de Bonn, a analysé les grappes, le moût et le vin. Il a ainsi pu faire un classement qualitatif des différentes variantes culturales en 2006. Il est intéressant de voir que la variante conventionnelle donne ici les plus mauvais résultats, suivie cependant de la variante en agriculture bio-dynamique sans pulvérisation de 501 –variante avec uniquement pulvérisation de 500 et utilisation du compost avec les préparats. Nous avons donc également pu remarquer un déséquilibre en agriculture bio-dynamique.
Dans quels domaines la recherche est-elle encore nécessaire ?
Georg Meissner : Dans la recherche qualitative, notamment au sujet du travail de Bockemühl, dans l’objectif de se rapprocher de l’Etre de la vigne. Il est également temps de faire de la science empirique en viticulture. Je suis à ce sujet en contact depuis déjà longtemps avec Ton Baars du professorat biodynamique de Kassel-Wintzenhausen.
Voir aussi l’étude sur les essais en culture bio après 21 ans.
Remerciements à Olivier Huchette de l’association Demeter pour l’envoi de cette traduction d’un article publié dans une revue allemande Lendige Erde en 2008. L’étude comparative de Georg Meissner devrait paraître courant 2013.
Bonjour,
Merci pour votre question intéressante.
La condition pour être en biodynamie est déjà d’être certifié en bio.
Donc pas de traitements phyto sanitaires à la vigne dans les deux cas.
Les vignerons en biodynamie traitent leurs vignes de manière naturelle avec des préparations dynamisées, des traitements aux tisanes, des décoctions, des infusions et applique le calendrier lunaire.
Les vignerons en biodynamie cherchent à développer les échanges entre la plante, le sol et la lumière.
C’est une approche holistique de l’agriculture.
Au chai, le minimum d’intrant est admis, les sulfites le sont, à doses moindres.
Le zéro sulfites dans le vin n’existe que chez les vignerons dits « nature » mais il n’y a pas de certification. C’est un engagement de confiance entre le vigneron et son client.
La question des sulfites entretient des discussions sans fin. Le vin en produit naturellement. Il faut savoir que les sulfites protègent le vin et lui permettent de se conserver. Mieux vaut un tout petit peu de sulfites au bon moment, qu’un vin raté. Les bons vignerons savent doser ce paramètre. Même Philippe Pacalet en Bourgogne qui fut un grand défenseur des vins sans soufre, est revenu sur cette pratique et en ajoute un peu aujourd’hui.
Je vous conseille de lire la rubrique « Vins bio » où vous trouverez un lien vers les cahiers des charges comparés et de visionner les vidéos de Nicolas Joly sur le site ans les billets précédents qui expliquent le travail en biodynamie. Enfin, personnellement je trouve que les vins en biodynamie sont souvent meilleurs, mais ils sont discrets. A bordeaux Pontet Canet est certifié et beaucoup de grands domaines s’y intéressent de près car ça marche, même si on ne sait pas tout expliquer. Bonne journée. Marise Sargis
bonjour
j’ai lu qu’un vin de l’agriculture biodynamique était même mieux qu’un vin de l’agriculture biologique : je ne savais pas qu’on pouvait mettre des sulfites dans un vin issu de l’agriculture biologique, par contre les vignes ne sont pas traitées aux pesticides…. dans la biodynamie : comment est ce ? j’ai lu qu’il y avait moins de sulfites, mais les vignes sont traitées ?
merci de m’apporter quelques éclaircissements.
Jacqueline Grenier